Promouvoir la paix et la cohésion sociale dans le Centre-Nord L’ACD-CN mise sur les observatoires de prévention et de gestion des conflits

Dans un contexte marqué par des tensions communautaires et des enjeux de cohésion sociale, le projet « Protection des personnes affectées par les urgences, l’engagement communautaire, la participation des femmes et des jeunes dans la prévention des conflits, la paix et le vivre-ensemble dans la région du Centre-Nord »

Financé par l’UAT-DHPCS, a entamé en 2024 la première année d’intervention avec des actions de sensibilisation et de renforcement des capacités  qui ont permis de jeter les bases d’un engagement communautaire renforcé et d’une participation accrue des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix.

L’un des résultats phares de la première année de mise en œuvre a été l’opérationnalisation de cinq (05) Observatoires Départementaux de Prévention et de Gestion des Conflits Communautaire (ODPREGECC) et de 110 Observatoires Villageois (OVPREGECC). Ces structures locales jouent un rôle essentiel dans la prévention et la gestion des conflits à travers l’implication directe des populations. Pour assurer leur fonctionnement optimal, des sessions de renforcement des capacités ont été organisées au profit de 30 membres des ODPREGECC et 550 membres des OVPREGECC, leur offrant ainsi les outils nécessaires pour résoudre pacifiquement les conflits. A l’arrivée, 21 cas de conflits ont été répertoriés dans les 5 communes d’intervention, dont 19 liés aux questions foncières, 1 à l’exploitation d’un site d’orpaillage et 1 à un mariage forcé. Grâce à l’intervention des Observatoires, 9 conflits sont en cours de résolution, 10 restent latents et un conflit a été résolu dans le village de Boalin.

La résolution de ce conflit à Boalin est un fait remarquable tant il perdurait depuis des années.                          Ce différend est né d’une affaire impliquant l’une des épouses du chef, soupçonnée d’avoir entretenu des rapports extraconjugaux avec un membre d’une autre communauté. Il a fallu l’intervention du fils du chef, président de l’Observatoire Villageois de Prévention et de Gestion des Conflits (OVPREGECC), pour que les parties acceptent de s’assoir autour de la même table pour régler ce différend.

Soutenu par les autres membres de l’OVPREGECC et appuyé par l’Observatoire Départemental (ODPREGECC), il a organisé un rituel traditionnel qui a permis d’entamer des dialogues. La présence et l’appui des observatoires ont facilité l’accès à des espaces de médiation, permettant à chacun d’exprimer ses griefs et de comprendre l’enjeu commun qui est le retour de la paix et de l’harmonie dans le village. Les témoignages des anciens et l’appui moral des leaders locaux ont transformé cette dynamique conflictuelle en un véritable processus de réconciliation. Le succès de cette démarche a été confirmé par l’acceptation des rites traditionnels et par la restauration des échanges entre les deux quartiers, mettant ainsi fin à une division qui durait depuis longtemps.   Selon le chef du village de Baolin : « nos ancêtres ont guidé nos pas, et grâce à leur bénédiction, nous avons retrouvé ce qui nous unissait. Ce conflit a divisé notre village pendant trop d’années, mais aujourd’hui, après tant de luttes, nous avons choisi la réconciliation. (…). Il est temps pour nous de regarder ensemble vers un avenir commun, fort de notre histoire et de nos traditions. »

Sensibilisation et communication : des leviers pour un changement de comportement

La résolution du conflit de Baolin a également été facilitée par l’engagement communautaire promu par le projet. Le projet a permis de renforcer les compétences de 100 leaders communautaires dans la reconnaissance des signes de radicalisation, ainsi qu’à former 50 hommes et femmes des médias sur la communication en temps de crise. Ces initiatives visent à développer une vigilance collective et à favoriser des discours médiatiques qui prônent la paix et la tolérance.

Les activités de sensibilisation ont également été marquées par la diffusion de microprogrammes radiophoniques en trois langues, la production d’émissions traitant des rôles des observatoires, de la participation des femmes et des jeunes à la promotion de la paix, et de l’importance du vivre-ensemble  des compétitions théâtrales inter-écoles et des prestations de théâtre-forum.

Des perspectives prometteuses

Le bilan de cette première année de mise en œuvre est prometteur : plus de 4 500 personnes, dont 2 384 hommes, 1 155 femmes, 548 garçons et 509 filles, ont bénéficié directement des actions menées. Les communautés ont démontré une forte adhésion au projet et des signaux encourageants d’amélioration de la cohésion sociale ont été observés.

Toutefois, les acteurs du projet reconnaissent que les défis persistent. La nécessité d’un suivi rigoureux et d’une adaptation continue des stratégies est primordiale pour garantir un impact durable. En 2025, le projet entend capitaliser sur les enseignements tirés, en renforçant les mécanismes locaux de prévention des conflits et en intensifiant les initiatives de sensibilisation.

Avec ces actions, le Centre-Nord s’inscrit dans une dynamique positive où les communautés deviennent des actrices incontournables de la paix et du vivre-ensemble, portées par la conviction que le dialogue et l’inclusion restent les meilleurs remparts contre les divisions.