Défense des droits humains : l’AJBF et la victime du viol dans la région du Nord

La promotion des droits humains civils et politiques mais aussi leur défense est au cœur de la stratégie du projet de promotion des Droits humains, de la Paix et de la Cohésion Sociale (DHPCS).Avec les organisations de la société civile, partenaires de mise en œuvre du projet,les activités visant à atteindre cet objectif,

se déroulent sur le terrain depuis une année avec déjà des résultats probants. En témoigne cette success-story de l’Association des Jeunes pour le Bien-être Familial (AJBF), dont les actions dans la région du nord ont permis de rendre justice à une jeune fille victime de viol.  

Aminata (nom d’emprunt) a 18 ans. Normalement, elle serait élève en classe de Terminale A dans la région du Nord. Mais à cause de la situation sécuritaire, la famille d’Aminata s’est déplacée. Malgré les circonstances difficiles, Aminata poursuivait ses études à dans une autre commune avec détermination. Et ce jusqu’à la date fatidique du 27 juin 2022, date à laquelle elle a été victime de viol infligé par un individu qui la guettait chaque jour sur la route de l’école.

Au Burkina Faso, les violences faites aux femmes sont répandues : selon le rapport SIGI-BURKINA, FASO OCDE 2018, plus d’une femme sur trois, soit 37 %, a été victime de violence domestique au cours de sa vie. Mais, il y a aussi la violence en dehors des quatre murs de la maison.

Malgré l’ampleur du phénomène, la plupart de victimes et leurs familles n’optent pas pour la voie judiciaire, explique Monsieur Abdoulaye KINDO, Président du Conseil d’Administration d’Association des Jeunes pour le Bien-être Familial (AJBF). L’AJBF reçoit l’appui du Danemark, à travers le projet DHPCS, pour mener des activités de sensibilisation et de renforcement des capacités des jeunes filles et femmes sur leurs droits et devoirs.

Selon le Président du Conseil d’Administration de l’AJBF : « La procédure judiciaire est très souvent longue et nécessite des moyens, et la population a perdu confiance en la justice dans une certaine mesure » et il renchérit en évoquant aussi un aspect social : « Aller devant le tribunal risque de rendre l’affaire publique et engendrer une honte au niveau de la famille ».

Alors, avec la pression de la coutume ou de la religion, il est parfois plus indiqué de résoudre ce type de problème à l’amiable et non pas par la voie judiciaire afin de préserver les liens sociaux. Ce qui semble avoir été également le cas dans l’affaire Aminata.

Après le viol, l’AJBF a été alertée. En échangeant avec la famille de la jeune Aminata, l’équipe de l’AJBF l’a convaincue de changer d’avis et d’opter pour la voie judiciaire afin que cela puisse produire un effet dissuasif. Le dossier a ensuite été transmis au tribunal de grande instance où l’auteur du viol a fini par être condamné. Toujours selon le Président du Conseil d’Administration de l’AJBF « lutter contre les violences faites aux femmes c’est aussi contribuer à un climat de paix ». Il souhaiterait qu’à l’avenir toutes les familles optent pour la voie judiciaire dans ces cas de figure. « Les sanctions judicaires relativement lourdes d’emprisonnement et d’amendes sont dissuasives et peuvent contribuer à limiter le fléau et à la promotion des droits des femmes », dit-il. L’équipe de l’AJBF a également apporté à Aminata un soutien psychologique et social et l’a accompagnée pour effectuer des visites médicales. Aujourd’hui, la jeune Aminata est de retour en classe et continue ses études.

Avec Particip, le Danemark soutient les activités de l’AJBF. La coopération entre le Danemark et le Burkina Faso vise, entre autres, à promouvoir les droits des femmes ainsi qu’à créer un système judiciaire plus efficace et plus accessible.

Avec Gerd Kieffer-Døssing